Pharmacienne de formation et directrice de recherche au CNRS et à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, la docteure Marie-Claude Potier a rejoint le collège de l’AFLD en remplacement du professeur Patrice Queneau.

Pour quelles raison avez-vous accepté de rejoindre le collège de l’AFLD ?

 “Le secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine m’a proposé de remplacer le professeur Patrice Queneau qui souhaitait passer le relai après avoir siégé pendant dix ans au collège de l’Agence. J’ai accepté pour plusieurs raisons. En tant que chercheuse à l’Institut du cerveau, les effets que peuvent avoir les substances dopantes sur le système nerveux central m’intéressent, notamment en ce qui concerne la production d’endorphines et d’endocannabinoïdes pendant l’effort physique. Mes connaissances en pharmacocinétique vont également m’être utiles dans certaines affaires pour évaluer les délais d’élimination de ces substances par l’organisme. Au collège, je vais siéger parmi des scientifiques, des magistrats et des sportifs de haut niveau. C’est un mélange des genres qui est très stimulant !

Quelle était jusqu’ici votre vision du dopage et de l’antidopage ?

En tant qu’activité humaine, le dopage sportif est un sujet complexe qui implique de nombreuses interactions sous le prisme de l’argent et de la recherche de la performance. D’un point de vue médical, il est rendu encore plus ardu par le libre accès aux compléments alimentaires sur Internet, vendus parfois avec le nom des dérivés de la molécule interdite et non de la molécule elle-même… Il est capital dans ces conditions d’évaluer le degré de gravité de la faute en cas de contrôle positif à une substance interdite. Je m’attends à de passionnants débats au collège pour interpréter la part de responsabilité des sportifs au moment de décider de lancer ou non des poursuites disciplinaires.

Quel est votre rapport au sport ?

Je travaille au quotidien sur les maladies dégénératives comme la maladie d’Alzheimer et je suis bien placée pour savoir que le sport est primordial pour lutter contre le vieillissement du cerveau. J’ai longtemps pratiqué la course à pied avant de me mettre progressivement au vélo. Je roule aujourd’hui 35 km par jour entre mon domicile et mon lieu de travail. En tant que spectatrice, j’aime bien regarder l’athlétisme et notamment les épreuves combinées qui sculptent les corps comme nulles autres même si de manière générale, les athlètes me fascinent avant tout par leur force de concentration.”


Le rôle du collège de l’AFLD

Composé de neuf membres nommés par le Président de la République sur la proposition des hautes institutions scientifiques, juridiques et sportives, le collège, présidé par la Présidente de l’Agence, est l’organe directeur de l’AFLD. Le collège siège toutes les trois semaines pour arrêter les décisions importantes de l’Agence : il délibère ainsi sur les règles encadrant les procédures antidopage, la composition du groupe cible des sportifs soumis à des obligations de localisation, les programmes annuels d’éducation ou de contrôles mais aussi le budget et le règlement intérieur de l’Agence. Sur le plan disciplinaire, le collège décide d’engager ou non des poursuites en cas de violation d’une ou plusieurs règles antidopage.